De l'été belliqueux, sur un mode désormais bien rodé en ses alibis antiterroristes, nous sortirions donc épuisé et perplexe. Car, si l'on ne sait trop qui, d'Israël ou du Hezbollah, a gagné la guerre au Liban, on retiendra, pour désespérer un peu plus demain, qu'avec trop de milliers de civils y périt aussi Uri Grossman, jeune homme de paix de 20 ans, fils de David Grossman et tankiste de Tsahal. C'était le 12 août, ce jour même où d'obscures polices interdisaient d'embarquer, à bord d'aéronefs mal identifiés, des livres... Et, de ce décret insensé, même le flou témoignait de l'absurdité, au point qu'il fallut se contenter d'en supputer l'origine. L'hypothèse du faux livre, tels ceux qui, dans des bibliothèques de théâtre ou de parvenu, font office de cave à cigares ou de coffret à liqueurs, ne résistait pas au passage par le détecteur à rayons ; pour séduisante qu'elle fût, celle de la lecture à haute voix d'un texte sidérant (Artaud ? Breton ? Céline ? La liste est infinie) et susceptible de pétrifier tout un équipage s'écartait d'elle-même, hélas car quel uniforme pût-il jamais être sidéré par la lecture d'un livre ? Et de même celle, plus triviale et par trop complotiste, du prétexte terroriste saisi au vol par les compagnies pour mieux vendre en vol leurs boîtes à musiques molles et images endormeuses... Craignons (et c'est la seule explication qui, dans la genèse de l'édit imbécile, osa s'énoncer et s'avérer plausible) que n'ait été mécaniquement édictée la liste de
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