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Libération

Et si l'on désactivait le buzz Angot ?

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publié le 1er septembre 2006 à 23h08

Il existe, sur certains modèles récents de voitures intelligentes, un dispositif infernal destiné à obliger le conducteur à boucler sa ceinture de sécurité. S'il démarre sans s'être ceinturé, un bip, d'abord en sourdine, l'enjoint de réparer cet oubli. Si, après quelques secondes, le conducteur persiste, le bip augmente de volume. Il devient sans réplique. Particularité de ce dispositif, il n'existe aucune manière de le désamorcer.

Le constructeur a décidé qu'il devait, en vertu d'un intérêt supérieur, s'imposer aux caprices des clients.

Encore existe-t-il une solution ­ la soumission ­ pour faire taire le bip infernal. Ce qui le différencie des buzz médiatiques, qui ne se désamorcent pas.

En matière littéraire, par exemple, à chaque rentrée son buzz, dont le concepteur occulte a décidé qu'il ne pouvait se désactiver. Vous rentrez de vacances. Et, soudain, un buzz vous saisit. Dernier roman Angot. Dernier roman Angot. Dernier roman Angot. Docile, vous prenez note, intérieurement. Oui, j'ai bien retenu que Christine Angot publie un roman. Mais, en quelques jours, quelques heures, le buzz redouble. DERNIER ROMAN ANGOT. DERNIER ROMAN ANGOT. Et vous êtes sans réaction possible.

Pour désactiver le buzz Angot, on peut toujours se dire qu'on ne lira pas les pages littéraires des journaux, qu'on boycottera les suppléments illustrés du week-end. Mais comment échapper au portrait géant de big sister au dos des kiosques ? Même énoncer à voix haute : «Oui, ô Grand Buzz, j'ai bien not