J'ai beaucoup pris le train, cet été. Ce qui m'a permis d'admirer les prouesses du TGV... et m'a valu quelques poussées de colère : ici parce qu'une liaison secondaire était supprimée ; là parce qu'un train Corail semblait à l'abandon voitures sales, climatisation en panne (le sort commun des lignes dont la SNCF souhaite se débarrasser) ; ou, plus généralement, parce que l'embrouillamini des tarifs rappelle de plus en plus les compagnies aériennes avec leurs promotions bradées et leur «business class» hors de prix. D'une conversation à l'autre, je me suis étonné qu'on délaisse ainsi (sans consultation démocratique) le sacro-saint principe du «service public» : même prix du kilomètre pour tous les citoyens, où qu'ils demeurent. Faut-il vraiment que la seule logique de rentabilité conduise ainsi à moduler les tarifs, à délaisser les pans trop coûteux du réseau ferré, sans parler du fret sacrifié sur l'autel de la «rentabilité» au moment où chacun sait pourtant que le trafic routier contribue pour beaucoup à l'étouffement de la planète ?
Comme j'émettais ce genre de remarques, je me suis entendu répliquer : «Le vieux modèle ne fonctionne plus. «C'est la faute des syndicats, arc-boutés sur leurs privilèges [...]. Il faut être de son temps...» D'un glissement à l'autre, le fait de défendre une conception «exigeante» de l'entreprise publique me désignait ainsi comme un passéiste ; et avec moi les cheminots qui n'hésitent pas (ces salauds) à se battre pour protéger leur