La question est posée depuis 2002 : comment se fait-il que l'extrême gauche continue de peser à ce point sur le débat politique français ? A l'approche d'une nouvelle élection présidentielle sur laquelle plane déjà le spectre des divisions à gauche, la colère recommence à poindre contre les gauchistes irresponsables qui, jouant du ressentiment social, empêcheraient la modernisation de la gauche française. Moins qu'une force politique que l'on pourrait, selon ses convictions, soutenir ou combattre politiquement, il s'agirait d'une aberration intellectuelle avec laquelle on devrait refuser tout débat, une escroquerie qu'il faudrait éradiquer moralement.
Paradoxalement, il revient à un homme de droite, Philippe Raynaud, de prendre le gauchisme au sérieux et d'en proposer l'exploration systématique de ses diverses mouvances : trotskisme, altermondialisme, défenseurs des minorités, etc. L'auteur, qui collabore à la revue de la droite libérale Commentaire, ne se prive pas d'épingler les postures qu'il juge «corporatistes», «nostalgiques», «protectionnistes». Il déplore la prégnance en France d'une «radicalité» politique propagée par la mouvance trotskiste et par le «trotskisme culturel» d'ex-gauchistes. Mais il croit aussi que les idées, même celles qui ne lui plaisent pas, possèdent leur propre force de mouvement et qu'il est profitable d'aller y voir de plus près.
Ainsi, à travers l'examen de quatre grands thèmes qui travaillent le gauchisme la mondia