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Libération

Le ministre et le journaliste

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publié le 8 septembre 2006 à 23h13

Pour la première fois depuis quelques lustres, il s'est donc passé quelque chose au 20 heures de TF1. Un grain de sable, une irruption, le germe d'une dissidence. Invité en duplex de Claire Chazal, François Bayrou y déplora soudain l'orchestration médiatique du duel Sarkozy-Royal. Médiatique ! Le gros mot était prononcé. Révolte immédiate (quoique bafouillante) de la courtoise Chazal. Accusations extrêmement graves ! Ici, à TF1, nous invitons tout le monde ! Nous sommes contrôlés par le CSA ! Etc., etc. Et Bayrou de décerner ironiquement à la chaîne Bouygues un brevet de vertu, tandis qu'une bonne partie de la France jubilait devant son poste. Les jours précédents, Bayrou était même allé plus loin, mettant en cause à mots couverts les liens personnels de Nicolas Sarkozy avec plusieurs propriétaires de grands médias.

Sans nul doute, ce brandon innocemment porté au coeur de la citadelle (le 20 heures de TF1) est une première. C'est la première fois qu'un dirigeant politique de ce niveau, ancien ministre, ancien et futur candidat à la présidentielle, sort publiquement, avec fracas, du pacte implicite de non-mise en cause des médias. Et pointe du doigt des amitiés sarkoziennes qui, ces derniers mois, ont été pour le moins voyantes. Faut-il refaire la liste ? Chez l'ami Arnaud Lagardère : le limogeage du directeur de Match pour photos sacrilèges, et la révélation (par Sarkozy lui-même) de sa consultation par le patron d'Europe 1 en vue de l'embauche d'une chef du service po