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Libération
Critique

Les bouées de la psychiatrie

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publié le 8 septembre 2006 à 23h13

Evidemment, la psychiatrie va mal. A-t-on déjà vu un fou en bonne santé ? Depuis dix, vingt, cinquante ans, c'est même devenu une ritournelle : chaque fois que l'on parle de la psychiatrie, c'est pour souligner que rien ne va plus, que les hôpitaux sont pires que des prisons, que les malades ne sont pas pris en charge, ou alors qu'ils sont assommés de médicaments.

Le livre de Sophie Dufau, ancienne journaliste à Libération, ne déroge pas à la règle. Débutant par une préface du docteur Patrick Pelloux, anesthésiste à l'hôpital Saint-Antoine, qui s'est fait une spécialité de dénoncer toutes les failles du système sanitaire, le ton est vite donné. Et les points noirs, vite énumérés : «Faiblesses de l'hôpital, surcharge des cabinets, pédopsychiatrie menacée, manque de structures d'accueil et d'hébergement, formation insuffisante des soignants, sans oublier la situation calamiteuse des sans-domicile ou des prisonniers.» Et cela va d'autant plus mal qu'il n'a jamais autant été demandé à la psychiatrie. Comme le rappelle Sophie Dufau, «en trente ans, le nombre de dépressions déclarées a été multiplié par six. Selon l'Organisation mondiale de la santé, les troubles psychiatriques seront en 2020 la première pathologie, devant les maladies cardio-vasculaires».

Sur ce volet de la crise, comment ne pas être d'accord avec ce constat ? Comment ne pas s'alarmer du nombre de postes de psychiatres non pourvus dans les hôpitaux, des files d'attente dans les cabinets libérau