A notre époque où la conservation du patrimoine fait l'objet de tous les soins, l'inquiétude que provoquent sa dégradation ou sa disparition peut venir de l'invasion par la masse des touristes des sites naturels comme des lieux historiques. C'est un étrange paradoxe ! L'objectif démocratique le plus commun des politiques culturelles est celui de l'accès à la culture pour tous, et, par conséquent celui, plus mercantile, d'une rentabilité des sites et des monuments. Les afflux de touristes sont la preuve de la consécration d'un lieu ou d'un bâtiment patrimonial, de la réussite de leur mise en valeur. Mais les touristes peuvent devenir la cause d'une certaine calamité de la sauvegarde par leurs comportements et surtout par leur quantité croissante. Il y a déjà longtemps que les ruines de Pompéi sont menacées par les dégâts que produisent les visiteurs. Des mesures de préservation ont été prises. Les grottes de Lascaux ont été reconstruites «à l'identique» pour sauver d'un péril inéluctable le modèle d'origine, celui qui demeure encore aujourd'hui le certificat de garantie de l'authenticité du site. D'autres copies peuvent être réalisées, même ailleurs qu'en Dordogne. Et récemment l'information circulait que le mont Blanc lui-même était susceptible d'être abîmé par les afflux de marcheurs durant l'été. Un maire de la région a déclaré que le mont Blanc se méritait, qu'il ne devait pas être accessible aussi facilement. Telle pourrait bien être la devise du futur : le patrimoine se
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Patrimoine et voyeurisme
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publié le 15 septembre 2006 à 23h17
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