Dans l'avant-propos du rapport de la mission parlementaire d'information sur la grippe aviaire, son président, Jean-Marie Le Guen, a rendu publique sa lettre adressée à Jacques Chirac le 12 juin 2006. Il y «constate que notre système de soins et, plus largement, la société française ne sont pas préparés à faire face à une éventuelle pandémie». Son propos est complété dans Libération, le 14 juin : «Si la pandémie arrive, cela se traduira par une dislocation de la vie sociale.»
L'été est trop vite passé sur cette prise de position inquiétante qui, même pondérée par sa signification spécifiquement politique, semble contester certains aspects stratégiques du plan gouvernemental de prévention et de lutte «pandémie grippale». A-t-on, dans l'urgence et par souci d'efficacité, renoncé à considérer utile de consulter et mobiliser au-delà du cénacle des spécialistes ? Les mesures préconisées tiennent-elles compte de la complexité des réalités sociales, sont-elles en capacité de produire des réponses adaptées, cohérentes, justes, acceptables ? Selon quels principes, dans quelles conditions et en bénéficiant de quels soutiens les professionnels exerceront-ils leurs missions ? Comment apprécier le niveau de préparation d'une société face à un risque global mais imprécis, qu'apparemment seules des mesures techniques d'anticipation et de prévention semblent susceptibles d'atténuer ? Le sens politique, notamment dans le domaine si délicat de la santé publique, ne consist