La précampagne présidentielle ne s'achèvera qu'à la mi-novembre, avec la désignation de la candidate ou du candidat officiel du PS par les adhérents. C'est à ce moment-là seulement que s'ouvrira la campagne elle-même et que commencera la compétition entre les prétendants brevetés. Pourtant, avant même la fin du prologue, quelque chose d'essentiel est en train de se produire : la République présidentielle semble tout près de succomber à l'ultime métamorphose qui la transformerait en démocratie d'opinion. Les deux principaux protagonistes, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, agissent déjà de plus en plus ouvertement, de plus en plus résolument, de plus en plus méthodiquement comme s'ils se trouvaient dans ce cadre-là. La semaine dernière, le ministre de l'Intérieur et président de l'UMP n'avait pas hésité, au plus fort de la polémique qu'il avait déclenchée à propos de la justice, à s'écrier «les Français me comprennent», façon de dire qu'il ne se reconnaît responsable de ses paroles et de ses actes que devant eux. Symétriquement, Ségolène Royal, interpellée sur ses réticences à débattre devant les militants, avait lâché tranquillement : «C'est aux Français que je m'adresse.» Tant pis pour les partis, tant pis pour le Parlement, tant pis pour les institutions représentatives, tant pis pour les formes traditionnelles de la démocratie : tout risque de passer par le dialogue direct entre ce candidat et cette candidate et l'opinion puis, si l'un des deux l'emporte, en
Alchimistes de la démocratie d'opinion
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par Alain Duhamel
publié le 27 septembre 2006 à 23h27
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