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Libération
TRIBUNE

Moi, si j'étais Israël...

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publié le 5 octobre 2006 à 23h34

Moi, si j'étais Israël, je prendrais tout de suite l'initiative d'une paix globale, la seule possible. Le pari est risqué : le pays est entouré d'une colère et d'une haine telles qu'il aura besoin de beaucoup de courage et de sang-froid pour reculer jusqu'aux frontières du petit Israël de 1967. Il faudrait pourtant le faire, sans trembler, sans tarder.

La désastreuse intervention américaine en Irak a brisé un équilibre fondamental. Après avoir soutenu le régime de Saddam Hussein dans sa guerre contre l'Iran islamiste et chiite, l'Amérique a abattu ce même régime irakien, ce qui a offert à l'Iran une victoire par défaut dont il n'aurait jamais rêvé. Désormais, la République islamique ne craint plus l'armée d'Irak ni l'armée américaine ; elle affiche ses ambitions nucléaires, parle de «rayer Israël de la carte», exerce son influence en Irak, où plus de la moitié de la population est chiite et devient, via le Hezbollah libanais, le champion de la cause palestinienne sacrée.

L'Irak est donc désormais la proie d'une guerre civile atroce qui oppose sunnites et chiites, ressuscitant une fracture qui remonte au temps du Prophète. Les régimes arabes, sunnites à l'exception du régime syrien, observent avec beaucoup d'inquiétude cette guerre qui menace de les déstabiliser via leurs minorités chiites. Ils sont angoissés par la semi-victoire militaire du Hezbollah au Liban et plus généralement par la montée en puissance de l'Iran ­ l'opposition des Perses et des Arabes