Dans les années 90, après la chute du mur de Berlin, les intellectuels de la gauche invitaient celle-ci à se convertir à l'économie du marché, à débarrasser la France des freins à la compétitivité des entreprises. Nombre d'entre eux ont un regard différent aujourd'hui. C'est que l'économie, dominée par le capitalisme financier, engagée dans une course effrénée vers la productivité, crée des richesses impressionnantes mais très inégalement réparties et sans souci de l'environnement ; c'est aussi qu'elle génère de la précarité et trop souvent de l'exclusion. Ces intellectuels, sans renoncer à réformer l'Etat, sans abandonner leurs critiques de l'économie administrée, mettent désormais les projecteurs sur le rejet des plus pauvres, la rupture entre le social et les forces dominantes de l'économie. Ils réaffirment le lien de l'économie et du social.
Dans un mouvement symétrique, des travailleurs sociaux, des éducateurs font retour à l'économie. C'est par l'insertion professionnelle, en créant des entreprises pour les recruter, les accompagner, les former qu'ils entendent réintégrer dans la société tous ceux qui en sont rejetés, jeunes en errance, chômeurs désespérés. Et l'on trouve, à l'inverse, de jeunes diplômés de l'université ou des grandes écoles de plus en plus nombreux attirés par les entreprises d'utilité sociale, qu'il s'agisse des services à la personne, du commerce équitable, de la protection de l'environnement, de l'éducation populaire... De leur côté, la CGT et la CF