Menu
Libération
TRIBUNE

Des jurys populaires, mais en connaissance de cause

Article réservé aux abonnés
Pour s'inscrire dans la Constitution, la démarche participative doit respecter des conditions.
publié le 31 octobre 2006 à 23h53
(mis à jour le 31 octobre 2006 à 23h53)

La confrontation des présidentiables est l'occasion de faire surgir des propositions qui, sans être forcément nouvelles, acquièrent soudain un statut quasi révolutionnaire. Ainsi en est-il des «jurys citoyens» proposés par Ségolène Royal pour évaluer l'activité des élus. Alors que des procédures participatives variées sont expérimentées dans de nombreux pays, y compris en France, le seul énoncé de l'expression «jury citoyen» a eu plusieurs effets.

D'abord, il a révélé la quasi-unanimité du monde politique pour se prétendre au-dessus du vulgaire qui lui a délégué ses pouvoirs. Quand un député (Jacques Pélissard, UMP) s'indigne : «Nous ne sommes pas des délinquants potentiels» (Libération du 25 octobre), il semble ignorer que les chercheurs scientifiques, pour la plupart non délinquants, sont jugés chaque année pendant toute leur carrière par des comités ad hoc et que la plupart de ces chercheurs ne s'offusqueraient pas de la présence de représentants de la société civile dans ces comités. «Il faut préserver le rapport de confiance entre les citoyens et les élus. Et le jury citoyen polluerait ce rapport de confiance», insiste l'élu, négligeant que cette confiance s'est bien évaporée dans la grave crise démocratique que nous connaissons, et que c'est aussi le refus général des élus, de droite comme de gauche, d'accepter toute remise en cause qui pollue la confiance... A ce titre, des qualificatifs comme «fasciste», «pétainiste», <