Menu
Libération
Critique

Génération sacrifiante

Article réservé aux abonnés
publié le 6 novembre 2006 à 23h58

Souvent posés côte à côte dans les librairies, ces trois titres peuvent faire sourire. L'un raconte «comment nous avons ruiné nos enfants», le deuxième en déduit qu'ils «nous haïront» et le troisième donne l'explication du cauchemar annoncé : l'arrivée d'un «papy krach» que nous ne préparons pas. Les trois ouvrages, dans des styles très différents, font le même diagnostic : comment «nous» (les vieux) sommes en train de refiler à la génération suivante nos ardoises d'impayés et une somme de problèmes inextricables, santé, vieillesse, dette (deux tiers du PIB), chômage de masse...

Le thème de la «génération sacrifiée» n'est certes pas nouveau, mais la crise du CPE et celle des banlieues, qui ont chacune illustré les angoisses des nouvelles générations, ont servi de piqûre de rappel. Les jeunes d'aujourd'hui sont ceux qui auront connu le plus de chômage, ils sont aussi ceux sur lesquels on aura le moins investi en matière de formation, et c'est à eux que l'on demande de payer pour financer les retraites et la santé de l'énorme masse des baby-boomeurs, qui, eux, ont profité de la vie comme aucune génération ne l'a fait.

Pour faire sentir concrètement au lecteur ce que représentera le choc démographique à venir, les auteurs rivalisent de formules chocs. L'économiste Patrick Artus et la journaliste Marie-Paule Virard constatent qu'en 2030 la moyenne d'âge du pays sera celle de la ville de Cannes (pour ceux qui connaissent Cannes, il y a de quoi frémir) : un Fran