Le 19 octobre, 22 chercheurs ont rappelé qu'«il n'y a pas lieu d'imposer une unique méthode de lecture». Dans un texte publié le 7 novembre dans Libération, Gilles de Robien leur répond : «Je ne condamne pas la liberté pédagogique.» La menace que le texte des chercheurs visait à contenir aurait-elle été sans fondement ?
Rappelons que le 4 octobre, sur France Culture, le ministre proclamait l'«interdiction de la méthode globale ou semi-globale ou assimilée». Et il continuait : «On doit commencer, dès le premier jour, par apprendre les lettres, les syllabes et les sons puis ensuite les mots», décrivant ainsi ce qu'on appelle une approche strictement synthétique de l'apprentissage de la correspondance lettres-sons : l'élève est au départ devant l'écriture d'un mot dont il ne connaît pas la forme sonore et il doit la construire à partir des sons élémentaires correspondant à chaque lettre ou groupe de lettres. Cette démarche doit être distinguée d'une approche analytique : l'élève est au départ devant l'écriture d'un mot dont il connaît globalement la forme sonore (le maître la lui a donnée, par exemple) et sa tâche consiste à l'analyser en constituants sonores élémentaires et à chercher dans l'écriture du mot les lettres ou groupes de lettres correspondants.
De manière évidente, la méthode que le ministre a décrite comme obligatoire dans ses interventions de rentrée est une méthode strictement synthétique. Alors qu'il a maintes fois qualifié cett