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Libération
Critique

Le modèle néorépublicain

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publié le 13 novembre 2006 à 0h03

Dès qu'il s'agit de la République, le discours et la pratique politiques ou bien se raidissent, ou bien deviennent confus. D'un côté, la posture républicaine pure et dure, qu'incarnent par exemple le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, ou bien encore Jean-Pierre Chevènement, tente avec constance de maintenir vivante l'idée d'un espace public où les minorités, les religions, les particularismes culturels en tout genre, n'auraient pas leur place, et ne pourraient être légitimes qu'en privé. Et, d'un autre côté, la réalité se dérobe chaque jour davantage pour qui voudrait se référer à cette vision : dans les faits, un modèle nouveau s'esquisse, que l'on peut qualifier de néorépublicain.

Les premiers à l'avoir ébauché sont les Juifs de France. Dès la fin des années 60, ils ont pris une certaine distance avec la formule canonique qui veut, selon les termes du comte de Clermont-Tonnerre en 1789, qu'ils soient «tout» comme individus, et «rien» comme nation ­ comme communauté. Ils se sont communautarisés, et sont apparus de manière visible, en tant que tels, dans le débat public, à propos notamment d'Israël. La poussée de l'antisémitisme au tout début des années 2000 a eu pour effet d'encourager leurs institutions et leurs intellectuels organiques à se tourner vers la République, en lui demandant en tout premier lieu de leur assurer protection et sécurité.

Les musulmans de France sont fréquemment soupçonnés de nourrir le pire des communautarismes et d'e