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Libération
TRIBUNE

A gauche, sans le PS

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publié le 24 novembre 2006 à 0h12

Le succès de Ségolène Royal à l'investiture socialiste pour la présidentielle suscite une inflation rhétorique. Le lien, initié par les Lumières et fondateur de la gauche, entre raison critique et transformation sociale apparaît out dans la frénésie poitevine de marketing électoral. Les deux, Ségolas et Nicolène, font bien la paire ! Les sondages ont remplacé l'esprit critique, le look personnel le projet de société... On confond le populaire avec le démagogique. Dans l'entre-soi d'un univers socialement et intellectuellement homogène, deux teintes de gris légèrement distinctes font facilement office de polarités politiques.

Prendre de la distance vis-à-vis du versant gôche de cette grisaille néolibérale suppose de s'interroger sur l'état du PS l'ayant rendu possible. Ce que nous permettent deux chercheurs en science politique, Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki, dans la Société des socialistes - Le PS aujourd'hui (éd. du Croquant). Professionnalisation politique et marginalisation des expériences populaires sont les deux logiques sociales analysées. Le poids grandissant des professionnels de la politique, au niveau national et surtout local, comme de leurs affidés (la multiplicité des postes générés par les collectivités locales), a contribué à structurer le PS autour de logiques de carrières, au détriment des considérations idéologiques.

Une désintellectualisation du débat a accompagné ce mouvement, ainsi que la prédominance d'«une certaine économie psychique