Ce qui serait bien, ce qui serait reposant, c'est que sur ce cliché et derrière cette banderole portée dimanche dans les rues de Nantes, aient pu s'identifier des marcheurs aussi caricaturalement ineptes que les slogans qu'ils affichaient contre un «Pouvoir assassin», afin que soit faite la «Vérité pour Julien». On le scrute, ce cliché (Libération de lundi), en y cherchant le front de boeuf qui fleurit la tribune Boulogne du Parc des Princes et, en l'occurrence, tenterait d'inverser des rôles : faire des agresseurs d'un supporter juif et du policier noir qui le protégea les innocentes victimes d'un crime prémédité (c'est le sens du mot assassinat), en invoquant l'insondable ailleurs d'une «vérité» en lequel «Julien» n'eût pas été, consciemment ou non, sur le point de participer à une tentative de lynchage. Pourtant, à la mine et au silence des manifestants, force fut d'admettre que leur initiative ne constitue pas une provocation, quand bien même elle en cultivait la formidable apparence... Ces marcheurs semblaient de bonne foi, qui portaient leur peine avec une gerbe de fleurs jaunes, mais pour exorciser quoi ? Ils ne nient pas les faits tels qu'ils furent unanimement rapportés ; ils ne contestent même pas la légitimité de la défense du policier Antoine Granomort. Certes, ils ne réclament pas pas encore, en tout cas un permis de ratonner. Mais se rendent-ils compte que la solidarité vis-à-vis de «Julien» donne à tous les
Le droit à la ratonnade
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par Pierre Marcelle
publié le 28 novembre 2006 à 0h15
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