Parce que certains Français revendiquent le droit à une mémoire ou à des mémoires spécifiques (esclavage, colonisation, collaboration et déportation de juifs, guerre d'Algérie, usage de la torture...) qui peuvent parfois faire offense à l'idéal de soi français, l'idéal d'une république exemplaire, d'autres fustigent, de leur côté, un trop-plein de repentance et une atteinte faite à la «fierté nationale».
Du coup, un débat agite aujourd'hui notre société : faut-il avoir honte d'être français ? Ne sommes-nous pas dans une culpabilité exacerbée ? Tel politicien déclarait récemment, lors d'une émission télévisée, de façon très explicite : cessons de nous excuser du passé, regardons l'avenir. A l'écoute de ce discours, qui rencontre des échos chez divers intellectuels (dont certains de gauche) et politiques (surtout de droite), émerge un habile relativisme dans la lecture de l'histoire introduit en ces termes : oui, la France a été esclavagiste mais elle n'a fait que copier Africains et Arabes qui avaient l'esclavage, mais la France n'est-elle pas celle qui l'a aboli ? Oui, la France a colonisé, mais n'a-t-elle pas construit routes, écoles, et hôpitaux ? Et de suggérer de dénoncer plutôt les dérives des indépendances aujourd'hui... Enfin, la république, certes, n'est pas exempte d'inégalités et de discriminations à l'égard de jeunes issus de l'immigration, mais l'islam, où qu'il soit, fait-il mieux en matière de tolérance ? Ne vaut-il pas mieux, écrit l'Express,«être mus