Je suis étonné de l'ampleur des réactions et des interprétations que suscite l'instruction du juge Jean-Louis Bruguière sur la responsabilité du FPR dans l'attentat contre l'avion de l'ancien président du Rwanda, Juvénal Habyarimana. Il est tout de même surprenant de constater que l'objet pour lequel l'instruction a été ouverte, c'est-à-dire la mort des pilotes français, est totalement absent des débats. Une telle constatation pousse à s'interroger sur les motivations de l'ouverture de l'enquête : le juge Bruguière mène-t-il son instruction sur la mort des pilotes ou sur l'histoire du génocide ? Dans cette dernière hypothèse, il outrepasserait sa compétence de juge d'instruction issu d'un pays, par ailleurs, accusé de complicité dans le génocide.
Voilà ce qu'on entend ou lit dans les médias français : « l'attentat qui coûta la vie à l'ancien président du Rwanda Juvénal Habyarimana», «élément déclencheur du génocide», «responsabilité présumée du FPR», «responsabilité présumée de la France», «recommandations du juge Bruguière»... De petites phrases toutes faites qui sonnent faux à l'oreille du rescapé que je suis. Elles ne disent rien de la réalité de ce que j'ai vécu et elles entraînent l'opinion française dans la confusion. Dans un raccourci historique trompeur, elles conduisent à penser que le FPR, étant responsable de l'attentat qui a déclenché le génocide, est en conséquence responsable du génocide lui-même. Argutie spécieuse à laquelle d'autres, comme Pierre Péan, ajouten