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Libération
TRIBUNE

Les fausses vérités d'Emmanuel Todd

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par Zaki Laïdi et Gérard GRUNBERG
publié le 1er décembre 2006 à 0h19

Libération a publié vendredi 24 novembre un entretien avec Emmanuel Todd dans lequel celui-ci assène des «vérités» qui reposent sur des contradictions grossières et des hypothèses méthodologiquement spécieuses.

«Le parti qui a désigné Ségolène Royal, nous dit-il, est un parti largement décroché de la société dont la signification des résultats département par département est limitée.» Soit. Sauf que quelques lignes plus loin, il voit dans le vote Fabius des «traces» de ce que vit la société française. Autrement dit, le vote pour Ségolène Royal ne veut rien dire, mais le vote pour Laurent Fabius signifierait quelque chose.

Il faut dire tout d'abord que Ségolène Royal a obtenu la majorité absolue dans tous les départements, sauf neuf et il n'y a que trois départements, la Seine-Maritime, la Haute-Corse et Mayotte, où Laurent Fabius la devance. Elle a, par ailleurs, réalisé plus de 60 % dans onze des quinze départements où le chômage est le plus élevé.

Affirmer que le vote Royal est le vote d'une «France paisible et semi-rurale» est un mensonge pur et simple, puisqu'elle fait plus de 60 % dans des départements comme les Bouches-du-Rhône, l'Hérault, le Nord, le Pas-de-Calais ou le Gard dont chacun connaît le caractère «paisible». Certes, on pourra répondre que ces résultats sont le reflet des choix de l'appareil. Mais, dans ce cas, on ne peut pas dire que le vote massif pour Ségolène est un vote d'appareil et qu'un vote contre Ségolène Royal ne l'est pas