Des assassins dont on ne retrouvera jamais la trace tuent Anna Polikovskaïa, l'une des dernières voix à s'exprimer sans fard et sans peur dans la presse russe sur les sujets qui fâchent les autorités (la corruption, la Tchétchénie). Mikhaïl Khodorkovski, un «nouveau Russe» ayant fait fortune comme beaucoup d'autres par des moyens plus ou moins légaux et devenu banquier respectable, s'en prend aux règles peu démocratiques édictées par le président Poutine, décide de se lancer en politique, aussitôt les services fiscaux et juridiques s'en prennent à sa personne et à son empire. La personne croupit en prison, l'empire est dépecé. A Londres un ancien agent du KGB critique envers le pouvoir en place à Moscou est empoisonné avec un produit radioactif...
Faut-il mettre ces personnes dans le même sac ? Certes non. Mais elles ont en commun de s'en prendre à la politique d'un pays où l'obéissance est redevenue la valeur cardinale, et où les bons citoyens sont des citoyens soumis ou serviles. Démocratie, pluralisme, indépendance, ne sont pas des mots qui ont bonne presse en Russie, où la presse, le plus souvent contrôlée, a du mal à être bonne. C'est dans ce contexte de régression qu'il faut situer ce qui vient d'arriver à ce grand homme de théâtre qu'est Anatoli Vassiliev.
Ce maître sombre, orgueilleux et exigeant dirigeait une école de théâtre qu'il avait fondée au 20 de la rue Povarskaïa, dans le centre de Moscou ; il avait aussi pris la tête d'un magnifique théâtre construit rue Sret