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Libération
TRIBUNE

Conjurer le «mal arabe»

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par Pierre VERMEREN
publié le 28 décembre 2006 à 0h39

Le constat d'échec américain en Irak, que dressent les électeurs et les parlementaires de ce pays, est considéré en Europe comme un retour au réel. «On vous l'avait bien dit !» Du point de vue des sociétés «arabes», ce constat d'échec est une forte revanche symbolique, après l'humiliante chute de Bagdad en 2003. Toutefois, le présent et le devenir de l'Irak, sa balkanisation sanglante, religieuse et tribale, sont catastrophiques pour ce pays, mais aussi pour toute la région.

La vingtaine de pays membres de la Ligue arabe constitue la seule grande région du monde totalement privée de régimes démocratiques. Depuis les années 80, les régimes arabes théocratiques et militaires sont contestés par l'islamisme politique. Jusqu'à la fin des années 90, la monarchie marocaine a préservé l'illusion d'une opposition interne nationaliste et social-démocrate. Jusqu'en 2003, les observateurs les moins attentifs imaginaient que l'Irak de Saddam Hussein était laïc. La Tunisie, l'Egypte ou la Jordanie donnaient encore des espoirs de démocratisation. Ces illusions sont aujourd'hui ruinées. Partout, les peuples arabes (ou présumés tels) vivent sous la double tutelle d'un régime autoritaire, et d'une opposition islamiste, entre l'enclume et le marteau. C'est d'un côté le «mal arabe», décrit par l'avocat tunisien Moncef Marzouki, de l'autre la «malédiction», dépeinte par feu le romancier algérien Rachid Mimouni.

Au moment où les dictatures se durcissent face à la violence croissante du radicalisme