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Libération
TRIBUNE

L'Allemagne prédatrice

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publié le 28 décembre 2006 à 0h39

L'Allemagne prend la présidence de l'Union européenne au 1er janvier. Fidèle à l'héritage d'Helmut Kohl, son père spirituel en politique, Angela Merkel voudrait faire de cette présidence un temps fort de la relance de l'intégration européenne, au moment où on fête les 50 ans du traité de Rome. Sur le plan institutionnel, la tâche s'annonce difficile, du fait en particulier des élections françaises qui gênent toute initiative majeure. Et l'idée qu'on lui prête de vouloir faire revivre le projet de traité constitutionnel rejeté en 2005 par les électeurs français et néerlandais, ne paraît guère destinée à un grand avenir. Pourtant l'Allemagne pourrait apporter une contribution majeure à la relance du projet européen, si elle rompait enfin durablement avec les politiques économiques et sociales excessivement restrictives suivies depuis plus de dix ans maintenant outre-Rhin. Ces politiques portent une responsabilité très lourde dans le marasme économique de la zone et sont, de ce fait, une des causes principales de la méfiance que suscite désormais le projet européen en France et ailleurs. En particulier parmi les couches populaires.

Depuis le milieu des années 90, l'Allemagne s'inflige en effet une austérité dont on peine en général à mesurer toute l'ampleur de ce côté-ci du Rhin. C'est bien simple : entre 1995 et 2006, la masse salariale totale distribuée au sein de l'économie allemande n'a progressé que de 9,5 % en valeur nominale, c'est-à-dire sans même en déduire l'inflation,