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Libération

Pas-de-Calais pas de pitié

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publié le 28 décembre 2006 à 0h39

Qu'est-ce qu'il dit de ça, Nicolas Sarkozy ? Mercredi en fin de matinée, soit quelque trente-six heures après qu'au milieu de la nuit de lundi à mardi et dans un «quartier peu passant», dit l'AFP, du centre de Calais, une troupe de migrants eut été attaquée par une autre troupe de migrants, le ministre qui ferma le centre d'hébergement de Sangatte n'avait pas fait de commentaire (1). De quoi pourrait-il bien parler, d'ailleurs ? Depuis quatre ans qu'ils rôdent à ciel ouvert autour des terminaux en guettant l'opportunité d'un passage clandestin en Angleterre, les réfugiés sont devenus pour l'opinion publique un peu plus que locale d'une totale invisibilité. Ils sont pourtant des centaines. Policiers et gendarmes traquent et déplacent ces spectres qui sont toujours revenants, et que même la presse peine à identifier. Ainsi de la rixe de l'autre nuit, dont les bilans varient selon les sources de vingt à seize blessés, dont trois «graves» ou deux «dans un état critique». Et de même se supputèrent longtemps les origines des agresseurs et des agressés (asiatiques, afghans, iraniens... ­ c'est, tout ça, tous bougnoules et compagnie, n'est-ce pas ?), et la raison pour quoi des barres de fer cassèrent des têtes. Trafics de passeurs, querelles de territoires, règlements de comptes, racket, qu'importe... Sauvagement banal, c'est le quotidien du pas de pitié dans le Pas-de-Calais. De la compassion, oui, des associations et individus qui depuis des années beurrent de