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Libération
TRIBUNE

Idée folle pour réinventer l'école

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par Jean-Pierre BENICHOU, Elisabeth BOURGAIN, Henry CHAILLIE, Jean FOUCAMBERT, Bruno Mattei, Raymond MILLOT, Rolande MILLOT, Bertrand SCHWARTZ, Marie-Laure VIAUD et Michel VIOLET
publié le 29 décembre 2006 à 0h40

La crise des banlieues, mais aussi la vie quotidienne dans les établissements scolaires, et surtout la désaffection de tous pour un savoir devenu utilitaire pour les uns, excluant pour les autres, sont des signaux d'alarme auxquels ne peuvent répondre des annonces aussi démagogiques que dérisoires : restaurer «l'autorité», dénoncer la méthode «globale», dépister les comportements délinquants dès le plus jeune âge, mettre les récalcitrants en apprentissage et au passage supprimer le «collège unique»...

La solution est-elle dans une énième réforme ? Le mot même est devenu synonyme d'incohérence, d'impuissance et de contradiction. Un jour, l'école doit «s'ouvrir», un autre, elle doit se muer en «sanctuaire». L'organisation officielle en cycles, préconisée depuis la loi d'orientation de 1989, est massivement ignorée. Le collège, qui doit assurer «à tous un tronc commun de connaissances», organise dans les faits la sélection et la ségrégation.

Pour faire face aux exigences des temps présents et aux difficultés extrêmes d'enseigner aujourd'hui, il faut redéfinir la fonction et la mission des enseignants. Une opportunité exceptionnelle pourrait le permettre. En effet, d'ici à 2011 et pour le seul second degré, 145 000 professeurs vont entrer dans le métier. Mais aucune circulaire ministérielle n'est en mesure d'imposer un nouveau contrat, et nul formateur de formateurs ne saura y préparer les futurs enseignants, faute d'en avoir lui-même l'expérience individuelle et collective