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Libération
TRIBUNE

SDF, bonne cause sans moyens

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publié le 4 janvier 2007 à 5h16

En plantant deux cents tentes le long du canal Saint-Martin, l'association des Enfants de Don Quichotte a choisi le bon moment de la trêve des confiseurs où les médias sont à l'affût d'informations nouvelles pour nourrir l'actualité. Difficile de rester insensible devant cette misère humaine condamnée à dormir par terre, au froid et à se réconforter par l'alcool et la chaleur humaine de ceux qui ne détournent pas le regard.

On regrettera que les inspirateurs de cette opération aient seulement invité les bourgeois, à la recherche de frissons citoyens, à partager la misère des sans-logis en dormant sous la tente. Une sortie par le haut en invitant les SDF à partager leur confortable bohème aurait été tout aussi utile et exemplaire comme preuve d'altruisme.

Mais comment ne pas se sentir concerné, responsable, voire coupable, de vivre dans une société considérée comme développée où, d'après l'Insee, 86 000 personnes vivent sans domicile fixe ? Certes 42 % d'entre elles sont hébergées dans un hôtel ou un appartement financé par un service d'aide et 36 % dans un centre d'hébergement ouvert toute la journée ; mais il reste les 14 %, soit 12 000 personnes, qui doivent se contenter d'un centre d'hébergement de nuit et les 8 %, soit 7 000 personnes, condamnées à la rue ou à un abri de fortune (dont 2 000 à Paris). La mobilisation visant à élargir les horaires d'ouverture des centres de nuit et à augmenter les places de stabilisation (un mois renouvelable avec aide à l'emploi et examens