L'exécution de Saddam Hussein marque la fin d'un chapitre particulièrement tragique de l'histoire agitée de l'Irak. Ce tyran, qui a détruit des centaines de milliers de vies innocentes, terrorisé pendant plus de trois décennies tout un peuple, apporté tant de malheurs à son pays et à ses voisins, a fini ses jours au bout d'une corde dans une salle où sa Gestapo avait coutume de mettre à mort ses victimes.
Les circonstances et le calendrier de son exécution, critiqués à l'étranger, divisent aussi les Irakiens. Pour la grande majorité des chiites, justice a été faite et le tyran a payé pour ses crimes. Ils se sentent enfin vengés, libérés d'un long cauchemar, débarrassés du spectre d'un retour éventuel du dictateur honni. La pendaison intervenue la veille de la grande fête musulmane du sacrifice est considérée par eux comme un cadeau du ciel et non pas comme une entorse à l'observance d'une trêve pendant cette période «sainte» de pardon et de clémence.
Les sunnites irakiens, qui ne sont pas tous des inconditionnels de Saddam Hussein, considèrent, eux, cette exécution précipitée comme un acte de vengeance sectaire des chiites, qui veulent proclamer ainsi qu'ils sont dorénavant les nouveaux maîtres du pays. Les Kurdes, martyrisés sous le régime baasiste, ne pleurent évidemment pas sur le sort du tyran, mais le sentiment dominant est celui d'un déni de justice.
Saddam Hussein devait être jugé avec ses complices pour la campagne génocidaire Anfal («butin de guerre») de 1987-1988 qui