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TRIBUNE

Les banlieues ont des atouts

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par Karim Amellal et Alexandre KATEB
publié le 6 février 2007 à 5h52

Sous les projecteurs médiatiques depuis plus d'un an, les «quartiers sensibles» regroupent moins de 8 % de la population française mais concentrent nombre de problèmes. A l'approche d'échéances politiques majeures et compte tenu du silence des principaux candidats, il nous semble opportun de suggérer quelques pistes afin de mieux exploiter les atouts, bien réels, de ces territoires.

D'où part-on ? De notre point de vue, ces territoires sont caractérisés par trois logiques ségrégatives qui se renforcent l'une l'autre, chacune étant la résultante des deux autres. La ségrégation spatiale, la plus évidente, «ghettoïse» les habitants dans des espaces enclavés et sous-équipés dont il est très difficile de sortir. La ségrégation socio-économique, elle, se traduit par une pléthore de chiffres noirs.

En voici deux, essentiels : un revenu moyen inférieur de 30 % à 40 % au revenu moyen national et un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne nationale (et jusqu'à trois fois supérieur pour les personnes issues de l'immigration). Pauvreté et précarité intriquées obèrent les perspectives et suscitent des frustrations qui nourrissent la délinquance et les actes d'incivilité. La ségrégation ethnique, enfin, est la moins discernable parce que la moins mesurable. C'est un phénomène qu'il ne faut pas minorer, attribuable à la fois à des facteurs sociaux (l'homogénéisation ethnique des cités est le fruit d'une homogénéisation sociale par le bas), sociologiques (la figure de l'«immigré» eff