Emasculer l'exquis cadavre
C'était jeudi après-midi, à la bibliothèque publique d'information du centre Pompidou, la contribution de celle-ci au trentième et glorieux anniversaire de l'institution Beaubourg. Baptisée Abracadavra, une «performance» y détournait à son profit institutionnel, et pour la cent quatre-vingt-douze mille quatre cent cinquante-septième fois de l'histoire de la culture moderne, le jeu du cadavre exquis que les surréalistes inventèrent en 1925. Abracadavra comme abracadabra, concept... Vous suivez ? C'est magique, bingo ! La subversion surréaliste mise à la portée des caniches...
Six heures durant, au nom de l'art qui est à tout le monde et autres lénifiantes conneries, l'étudiant, le touriste et la ménagère se virent ainsi conviés par une petite troupe de théâtreux austères et de théâtreuses accortes à investir un édicule de bois et plastique, format isoloir ; à y inscrire sur un déroulant de papier une sentence impérissable et de préférence poétique dont le premier mot reprendrait le dernier inscrit par le précédant visiteur ; puis à présenter à une caméra le cul de poule d'une bouche énonçant chacune sa sacrée proposition. Au suivant ! Environ une centaine de culs de poule fondus et enchaînés feraient un film parlant, et autant de voeux d'amour et de paix universels déroulés, un «poème» horizontal de cent mètres de papier un poème couché.
L'un et l'autre seraient présentés de conserve vers 19 heures, mais j'étais parti, les poings dans m