C'est l'air du temps, c'est la posture de nombreux candidats, c'est donc la mode chez certains chroniqueurs : puisque les Français s'affichent sévères, critiques et pessimistes, puisqu'ils se méfient du monde politique et se défient du monde médiatique, puisqu'ils rejettent les élites ou ce qu'on leur désigne comme cette caste forcément arrogante, égoïste et inefficace, pourquoi ne pas tenter une cure de populisme, pourquoi ne pas jouer des ressorts de la démocratie d'opinion, pourquoi ne pas flatter les préjugés, encourager les saintes colères, surfer dans le sillage des sentiments les plus protestataires, quitte à flirter avec la démagogie ? Daniel Schneidermann, grand maître de la critique médiatique, s'en prend ainsi (1), escomptant avoir le public avec lui, aux éditorialistes politiques qu'il décrit aimablement comme «les lointains descendants des chroniqueurs de la Cour», hantant les antichambres ministérielles, s'attablant sans vergogne lors d'«innombrables déjeuners entre puissants et journalistes», se passionnant exclusivement pour «le ping-pong permanent des petites phrases, des polémiquettes et des coups bas», se moquant éperdument des faits, dédaignant les enquêtes, ignorant tout du terrain, vivant constamment dans cette bulle artificielle et vaniteuse, à mille lieues de toute réalité sociale que pourfend voluptueusement Jean-François Kahn , préférant les «confidences des princes et des sous-princes» aux «halls d'immeuble des cit
Schneidermann ou la tentation du populisme
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par Alain Duhamel
publié le 7 février 2007 à 5h53
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