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Libération
TRIBUNE

Réconcilier les mémoires

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par Fritz CALIXTE
publié le 14 février 2007 à 6h02

Le débat sur la mémoire coloniale française s'oriente dans deux directions : l'une que certains qualifieraient d'une exigence de reconnaissance des préjudices que leurs ascendants ont subis durant la colonisation et l'autre, une volonté d'assumer l'histoire de la France, tout en faisant abstraction des écarts de l'esclavage. Il y a lieu de chercher à comprendre la logique de ces deux orientations mémorielles, et de voir ce qui conviendrait le mieux à la dynamique d'une société qui se veut démocratique tant dans ses principes que dans son mouvement historique d'application et dans ses valeurs. Autrement, la République poussera dans le communautarisme une partie de ses enfants qui ne se reconnaissent pas dans l'histoire officielle ; histoire qui s'exposerait dans une linéarité de bienfaits. Alors que les Français d'origine africaine ont le sentiment qu'une injustice a été commise à l'égard de leurs aïeux et que celle-ci continue, encore à présent, à avoir des effets. Ils sont, en ce sens, doublement méprisés : par le passé et par le refus de reconnaître qu'ils appartiennent pleinement à la communauté nationale.

Tocqueville n'observe-t-il pas, dans De la démocratie en Amérique, qu'il y a un préjugé naturel qui porte l'homme à mépriser celui qui a été supposé comme son inférieur, longtemps encore après qu'il soit devenu son égal ? Il ne suffit pas de condamner l'attitude des héritiers des préjugés d'hier, mais de trouver des mesures pour permettre une réelle égalité des ch