Récemment, sur TF1, Nicolas Sarkozy a répété à l'adresse des étrangers vivant chez nous : «La France, on l'aime ou on la quitte.» Peut-être certains de nos compatriotes verront-ils dans cette formule, importée des Etats-Unis, un certain bon sens, tandis que d'autres ressentiront un brusque malaise. Si, au-delà des opinions, on tente d'appliquer cette formule, on bute sur deux questions :
Primo, comment monsieur Sarkozy mesure-t-il le taux d'amour d'un étranger pour notre pays ? Par une prise de sang ? Un test ADN ? Un signe physique ? Nous savons tous que non. Existe-t-il une machine, un instrument, qui permette de mesurer de façon objective le degré d'amour pour la France ? Pas davantage. Alors quoi ? Rien d'autre, évidemment, que le discours que tiendra un étranger, voire ses attitudes.
Considérons d'abord l'étranger qui n'émet strictement aucune critique : s'il ne trouve rien à redire à ses conditions de travail (quelles qu'elles soient) ni à ses conditions de logement, ni à aucun aspect de la politique menée par notre pays (ou plus exactement par ses dirigeants), il sera supposé aimant. Peu importe qu'il soit en réalité hypocrite, simplement dépourvu de sens critique, voire apeuré ; on se fiera aux apparences. Dans ce contexte, comment sera notée l'adhésion à un syndicat, ou à une organisation antiraciste ou de défense des droits de l'homme ? Manque d'amour ?
Secundo: quel sera le taux d'amour exigé ? Du 100 % ? L'amour total, fou, aveugle, expurgé de la moind