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Libération
TRIBUNE

Logement, pour un droit réel

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par Dominique Lefebvre
publié le 16 février 2007 à 6h05

Maire d'une grande ville de banlieue parisienne (Cergy), où la question du droit au logement se pose avec acuité, je m'interroge sur la portée réelle d'un droit au logement opposable imaginé dans la précipitation d'une période préélectorale par un président de la République finissant et un gouvernement en sursis. J'aurais tellement aimé applaudir, comme les associations qui se battent depuis des années pour la reconnaissance de ce droit fondamental de la personne humaine, à une avancée historique que personne ne peut refuser. Mais je m'inquiète des conséquences d'un texte qui permettrait à toute personne de se retourner contre le maire de sa commune dans le cas d'une recherche infructueuse de logement ou d'une attente trop longue. Cela fera-t-il construire des logements sociaux là où il n'y en a pas ou trop peu ? Certainement pas ! Tel quel, le droit au logement opposable pourrait devenir une machine à discriminer davantage et à pénaliser les villes ayant un parc de logement social important et qui accueillent déjà les populations les plus en difficulté.

Cergy vaut pour l'exemple dans le Val-d'Oise. Elle accueille aujourd'hui environ 57 000 habitants. Jeune et populaire ­ la moitié de la population a moins de 25 ans et 45 % des ménages ne sont pas imposables ­, sa forte identité repose sur la mixité réelle entre les ouvriers, employés, professions intermédiaires et cadres dans un parc de 22 000 logements, dont 8 900 sociaux, qui s'agrandit chaque année de près de 400 logement