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Libération
TRIBUNE

Citoyennes d'abord

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En dénonçant les handicaps des femmes de banlieue, nous appelons à la mise en place de politiques publiques pour qu'elles acquièrent enfin les outils de leur émancipation.
par Fadela Amara, Chahla Chafiq-Beski, Mercedes ERRA et Sabine Salmon
publié le 20 février 2007 à 6h12
(mis à jour le 20 février 2007 à 6h12)

Il y a un peu plus d'un an, dans le vacarme troublant des violences urbaines, les voix des mères des cités se sont élevées pour appeler les jeunes auteurs d'actes destructeurs à la raison et pour interpeller les pouvoirs publics sur leurs situations d'exclusion. Par la suite, dans les débats sociaux autour de ce phénomène, les parents notamment les mères ont été mises sur la sellette et ont été rappelées à leur responsabilité éducative. Certes, ces mamans, pour la plupart des femmes immigrées, sont concernées en premier chef par la situation des jeunes. Mais n'est-il pas le temps de s'intéresser aussi à elles-mêmes ?

Il existe néanmoins un écueil important : parler des mères immigrées pourrait réduire ces femmes au statut maternel et apporter de l'eau au moulin des politiques familialistes et patriarcales. Notre démarche est contraire : en dénonçant les difficultés de leurs tâches et leur précarité, nous appelons à la mise en place de politiques publiques et volontaristes afin que ces femmes cessent de conjuguer tous les handicaps sociaux et acquièrent ainsi les outils de leur émancipation

La situation des femmes étrangères, immigrées et issues des immigrations est significative : ces femmes-mères se sont mariées pour la plupart jeunes et se sont entièrement consacrées à leurs époux et à leurs nombreux enfants. Aujourd'hui, une fois leurs enfants grandis, beaucoup d'entre elles souhaitent sortir de l'espace domestique, améliorer leur pratique de la langue française pour s'enga