C'est une photo infernale. Une photo piège. Au centre, Nicolas Sarkozy, joignant les mains, regardant le ciel, semble implorer la Providence de lui offrir la victoire électorale. Derrière lui, tous les journalistes qui suivent sa campagne, leurs stylos suspendus par la grâce de l'instant, semblent appuyer la muette supplique du candidat. Photo infernale, car cette lecture est évidemment excessive. Plusieurs de ses protagonistes s'en sont expliqués. A l'instant où le photographe déclenche, l'envoyé spécial du Monde, Philippe Ridet, vient de poser une question à Sarkozy, qui lui tourne le dos. Et le candidat vient de lui signifier qu'il a reconnu sa voix, faisant fleurir un bouquet de sourires sur les lèvres de la suite journalistique.
Photo infernale, car elle ment, et dit vrai en même temps. Elle ment, sur le soutien extatique au candidat, qu'elle semble prêter aux journalistes suiveurs. Mais elle dit vrai, quand elle dévoile l'enveloppement général dans la connivence, dans la séduction, qui unit cette petite communauté de gens d'un même voyage. Prise à l'université d'été de l'UMP, d'abord publiée dans Paris Match à la rentrée, cette photo illustrait cette semaine un long article dans le Monde d'un de ses protagonistes, Philippe Ridet justement, qui «couvre» la campagne du candidat de l'UMP, et racontait «ma vie avec Sarko». Le lendemain, le Monde publiait (même longueur, même mise en pages), «ma vie avec Ségo», d'Isabelle Mandraud, h