Tout en campant sur leurs positions respectives, beaucoup de partisans du oui comme du non au référendum sur la Constitution européenne sont au moins d'accord sur un point : la réponse des Français leur a fréquemment été dictée par des considérations assez étrangères à la question qui leur était posée.
Comment ne pas voir que, moins de deux ans plus tard, nous nous retrouvons presque exactement dans le même décalage ? A première vue, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais là où encore le bât blesse, c'est que, pour une fraction importante de nos concitoyens tous ceux qui ne voteront pas pour les deux candidats qui seront présents au second tour et dont on peut assez aisément deviner qui ils seront , leur engagement, ils le savent, ne peut avoir pour objet réel le choix du (de la) futur(e) président(e). Ils ne souhaitent pas moins être entendus et qu'on fasse droit à leurs préoccupations. Les débats actuels et le scrutin qui suivra sont donc, là aussi, largement détournés de leur sens formel.
Pourra-t-on longtemps encore jouer de cette façon avec la démocratie ? Les Français comprendront-ils à nouveau un jour que la démocratie directe (le référendum à vocation décisionnelle) et la «monarchie» constitutionnelle (l'élection présidentielle au suffrage universel) ne constituent pas la forme la plus élaborée de l'organisation démocratique de l'Etat ? On peut certes en douter, tant ils semblent attachés à l'une et à l'autre, ne serait-ce que du fait du bien regre