Monsieur le recteur, vous avez choisi de poursuivre devant les tribunaux l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo pour avoir publié les caricatures danoises du prophète. Cette démarche a surpris tous ceux qui, comme nous, reconnaissaient en vous un homme de dialogue, digne représentant d'un islam ouvert qui a su concilier sa tradition avec les valeurs de la République. Nous vous écrivons dans l'espoir d'amener la Grande Mosquée de Paris, cette vénérable institution, à se détacher du Conseil français du culte musulman (CFCM), cette coalition hétérogène, ambiguë et finalement illégitime. Car, malgré la bénédiction des pouvoirs publics, il serait présomptueux d'affirmer que le CFCM représente l'islam de France. Les musulmans de ce pays refusent d'être réduits à l'unique dimension cultuelle et aux impératifs qu'elle commande. Nous n'acceptons pas cette vision identitaire et communautariste qui vise à distinguer les musulmans de France par leur seule appartenance confessionnelle, comme s'ils formaient un magma entre les mains du CFCM, une instance dont vous n'ignorez pas qu'elle se compose majoritairement d'organisations intégristes, constituant une minorité activiste mue par une stratégie qui a le dessein d'injecter le poison théologico-politique dans nos démocraties.
Nous nous interrogeons, monsieur le recteur, sur le rôle que vous jouez dans cette affaire : n'apportez-vous pas la caution de «modération» qui facilite la tâche aux séditieux qui avancent masqués pour a