Mon confrère et camarade Patrick Klugman, vice-président de SOS Racisme, a dénoncé l'initiative prise par le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) de publier le «premier sondage ethnique de l'histoire de la République». Il s'agit du baromètre Cran-TNS Sofres sur les discriminations frappant les Noirs de France, qui a permis d'établir, notamment, que 61 % d'entre eux disent avoir été victimes de discriminations au cours des douze derniers mois.
Patrick Klugman voit dans ce sondage un pas vers une France des quotas. Il dénonce un outil de «discrimination positive ethnique» qui ferait «planer un péril grave sur notre modèle républicain», alors que, dit-il, «si l'égalité doit avoir un sens c'est celui d'être reconnu en tant que Français plutôt que consacré dans son particularisme». Paradoxalement, la première organisation antiraciste à avoir porté la question des quotas sur la place publique, au cours des années 90, a été SOS Racisme, sous la présidence de Fodé Sylla. C'est d'ailleurs pour montrer le bien-fondé d'une politique des quotas que SOS Racisme a lancé les testings ! Patrick Klugman a raison sur un seul point : l'initiative du Cran a, bel et bien, vocation à remettre en cause le modèle républicain français.
La situation actuelle nous oblige, pourtant, à nous interroger sur la capacité réelle de notre pays à promouvoir les droits et les libertés d'individus qu'il traite comme des abstractions. Le refus de la critique, la