La publication du sondage TNS Sofres pour le compte du Cran a le mérite de lever un tabou qui a trop longtemps paralysé le débat sur la diversité en France. Contrairement à une croyance largement répandue, connaître l'origine de nos concitoyens n'est pas interdit par la loi. Nous utilisons deux méthodes pour réaliser des enquêtes identitaires : garantir l'anonymat des répondants ou recueillir leur accord exprès quant au fait de révéler leurs origines. Ces démarches s'effectuent sous le contrôle étroit de la Cnil, qui a d'ailleurs instruit pendant plus de six mois le dossier nous permettant d'effectuer notre dernière enquête.
On le voit, l'encadrement d'une étude «ethnique» demeure extrêmement strict, ce qui a conduit notamment la Cnil à refuser une étude menée sur des critères patronymiques ; décision sage car toute autre méthodologie que l'autodéclaration conduit à une assignation identitaire aussi choquante moralement qu'inefficace. Néanmoins, des instituts d'étude parfois réputés continuent à utiliser de tels procédés en toute impunité. Pourquoi ne pas élaborer un cadre éthique commun à toutes ces enquêtes ?
Une des pierres d'achoppement de ce débat réside en la définition de catégories ethno-raciales. Ces dernières n'obéissent en rien à des considérations objectives mais à des représentations sociales qui varient selon les lieux et les espaces. Ainsi, un «asian» en Grande-Bretagne sera mieux reconnu en France dans une catégorie «Indien» ou «Pakistanais». Il faut off