En réclamant un impôt global «pour le vivant», Attac rate le tournant. Il n'y a pas de gouvernement mondial. Cette évidence, qui oblige les pays à la coopération pour «produire» les biens publics mondiaux et explique les incitations à la défection qui conduisent à la «tragédie des biens communs» qu'illustre le refus des Etats-Unis de signer le protocole de Kyoto, ne semble pourtant pas perçue par tous, comme en témoigne la contribution d'Aurélie Trouvé et Jean-Marie Harribey dans Libération du 15 février.
Nul ne doute que le monde où nous vivons pourrait être meilleur et qu'il vaille la peine d'agir dans ce sens, mais leur proposition de «taxes globales pour le vivant» a peu de chances d'être le meilleur moyen d'y parvenir. Il ne suffit pas en effet d'écrire qu'il faut instaurer un impôt unique mondial sur les bénéfices consolidés des sociétés, un impôt égal sur les revenus du travail et du capital ou une taxe sur le carbone, pour que cela se fasse. Encore faudrait-il savoir qui va et qui veut le faire.
Aujourd'hui, le degré de coopération des pays ne semble pas suffisant pour que de telles taxes puissent voir le jour à court terme. La fiscalité se décide pour l'essentiel au niveau national, et on voit mal quels sont les pays qui renonceraient à cette prérogative qui serait perçue comme une perte de souveraineté. Déjà, en 2001, dans le Commerce des promesses, Pierre-Noël Giraud notait, à propos de la taxe Tobin qui a donné naissance à Attac, que,