Mme Royal et M. Bayrou associés en mai prochain, dans l’ordre que le premier tour de la présidentielle déterminera, seraient quasi certains d’emporter l’Elysée. M. Bayrou l’a bien compris qui fait des ouvertures à gauche. Mme Royal ne sait comment lui renvoyer la balle. Mais elle a sur sa gauche si peu de monde, et un monde si loin d’elle et si morcelé, que l’avenir lui est, pour le moins, imprévisible.
Car Mme Royal n'est-elle pas passée en force à travers un PS élargi par une initiative heureuse des cartes d'adhérent à 20 euros qui ont déstabilisé les carcans de l'appareil (merci Jack Lang) ? N'a-t-elle pas séduit d'abord comme femme dans un monde politique pétri de machisme ordinaire (merci François Hollande) ? N'a-t-elle pas montré son courage politique par des références à Tony Blair ? N'a-t-elle pas osé interroger la carte scolaire, l'encadrement militaire des jeunes, les enlisements de l'école, la dette publique ? Autrement dit, n'a-t-elle pas ouvert une voie nouvelle pour une gauche française tétanisée depuis vingt ans par la disparition du communisme, la puissance créatrice du marché mondialisé, l'urgence écologique et l'exclusion des enfants du divorce colonial et de nombreux travailleurs ? Cette gauche qui reste d'abord celle des inclus protégés par les diplômes, un Etat pataud et une peur du marché héritée d'un demi-siècle de terrorisme intellectuel communiste.
Il y a dans ce pays une culture de droite qu'incarnent, chacun à leur manière qui est fort différente