Les campagnes électorales ne sont pas les meilleurs moments pour parler de l'aide au développement. Celle que nous vivons en ce moment est particulièrement pauvre sur cette question. C'est bien naturel. Les pays pauvres sont loin, leurs citoyens ne votent pas et ne sont pas dans le panel de la Sofres. Quand on finit par trouver ce que Royal, Sarkozy et Bayrou ont à dire sur le développement, on est frappé par leur uniformité sur certains grands points : promouvoir le «codéveloppement», faire en sorte que l'aide au développement soit plus efficace, cesser de la monnayer politiquement, mettre la priorité sur l'Afrique, lutter contre la corruption. Cette belle uniformité se retrouve dans la motivation de l'aide au développement. Il s'agit surtout de persuader les pauvres de rester chez eux (voire, pour Bayrou et Sarkozy, dans leur ferme) plutôt que de venir chez nous.
Comme souvent, ce beau consensus reflète le souci d'éviter de se confronter aux problèmes qui nécessitent de vrais choix politiques en faisant miroiter des propositions auxquelles tout le monde gagne (ce que les Américains appellent le win-win), même si elles sont illusoires.
Commençons par l'idée que l'aide au développement constituerait un frein à l'immigration. Elle est séduisante, mais ne tient pas vraiment la route. Les différences de niveaux de vie qui justifient l'immigration ne seront pas comblées de sitôt, même si l'Afrique se transformait en tigre asiatique. Si les programmes d'éducation et de micro