Pourquoi les intellectuels ne proposent rienL'irruption récente des intellectuels dans la campagne présidentielle fut encore un beau coup de canon sous l'eau. Une retentissante prise de position pour une assourdissante absence de proposition. Car, au fond, qu'ont-ils tenu à dire ? Qu'ils sont déçus. Autrement dit : qu'ils n'ont rien à dire. Déçus ils sont par l'offre politique et, si on ne les retient pas, ils vont virer de bord, ou serrer les dents à gauche. Pauvres choux, ils ont oublié qu'en toute déception c'est le déçu qui a tort, il n'avait qu'à voir clair. Ils n'ont donc rien vu venir pendant toutes ces années ? Rien pensé un peu gênant pour des penseurs , rien conçu de souhaitable, de nécessaire, d'urgent peut-être même ? Il doit pourtant bien y avoir urgence, et prévisible, pour que les Français, en majorité sceptiques et flottants eux aussi, s'intéressent à cette longue campagne comme jamais depuis la première présidentielle de 1965, où les employés demandaient d'aménager les horaires pour pouvoir suivre les séquences télévisées, et depuis 1981, où chacun sentait venir la première alternance durable depuis l'instauration de la République. D'ailleurs, symptôme d'attente : le courrier des lecteurs des journaux, en écho à la brillante sortie des intellectuels, fut assailli d'ironiques demandes qu'on donne la parole à des hommes de l'ombre plutôt qu'à «toujours les mêmes». Il est certes toujours plus payant, en monnaie de Narcisse, de poser au scrogneugneu et
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De la démocratie économique
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par Jean-Philippe Domecq
publié le 29 mars 2007 à 6h53
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