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Libération
TRIBUNE

La fusion du politique et du médiatique

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Rien ne sert plus d'argumenter : les électeurs se sont mués en «médiaconsommateurs» et font primer le spectacle.
publié le 5 avril 2007 à 7h02
(mis à jour le 5 avril 2007 à 7h02)

La campagne présidentielle de 2007 marque une accélération dans la mutation de notre vie politique, passée du texte à l'image, du discours au symbole, de la conviction à la croyance. Le discours argumentatif n'a plus cours dans notre société médiatique, exit Lionel Jospin. Comme les autres communications, la communication politique s'inscrit dans un contexte de «mal info» : la grande lessiveuse médiatique brasse chaque jour des millions d'infos brèves, partielles et non contextualisées ­ chiffres du jour, phrases du jour, images du jour ­ qui, répétées de média en média, ne sont que bruit, formant avalanche et submergeant le citoyen «médiaconsommateur».

A cela, s'ajoute la «course de chevaux», tiercé, quarté, quinté, plus des sondages, instruments de connaissance de l'opinion, photographies instantanées nous dit-on, comme s'ils n'étaient que le reflet fidèle de la réalité, alors que cette réalité ils la reflètent certes, mais ils la construisent surtout, en campant les rapports de force, en renforçant les dynamiques de crédibilité ou de scepticisme sur Untel ou Unetelle, en «dramaturgisant» le temps long de la campagne. La dictature de l'«urgence médiatique» aussi qui consiste, toutes affaires cessantes, à focaliser les regards sur tel ou tel temps fort de la campagne ­ le 14 janvier (Sarkozy porte de Versailles), le 11 février (Villepinte), le 26 février (Bayrou à TF1) ­ et à faire croire que le monde s'arrête ce jour-là, que tout peut basculer dans un sens