Scoop à la une. Le Parisien, le journal qui a emmené Royal et Bayrou aux montagnes russes sondagières pendant un mois, à coups de manchettes chocs, de chutes vertigineuses, de remontées à couper le souffle, le Parisien, donc, à quinze jours du premier tour, découvre l'océan des électeurs indécis. Funeste révélation : 42 % des électeurs, soit 18 millions de personnes, n'auraient pas encore fait leur choix ! Que valaient-elles donc, nos manchettes chocs des dernières semaines ? C'est très simple : rien du tout, chers lecteurs ! Joyeuses Pâques tout de même.
Et toute la presse, de conserve, de découvrir ces 18 millions de trouble-fête, à quelques jours du premier tour. Et ces médias qui, depuis des mois, tympanisent les gogos avec des rebondissements décisifs d'un demi-point, de découvrir la bouche en coeur que leur feuilleton quotidien n'est bon qu'à emballer les oeufs de Pâques. Pourtant, les indécis ne sont pas apparus en avril par germination spontanée. On peut supposer que les indécis d'avril hésitaient déjà en janvier. On peut même supposer que chaque journaliste, considéré individuellement, connaît dans son entourage personnel un ou plusieurs de ces 18 millions. Peut-être même, allez savoir, appartient-il lui-même à ce premier parti de France. Sans doute touche-t-il donc du doigt les motivations de l'indécision réelle, dans la vie réelle. Peut-être, pratiquant du vote tactique, pour sortir de son indécision, attend-il lui-même... que les sondages le guident.