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Libération
TRIBUNE

L'immigration sert la France

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Le débat sur l'identité nationale est une régression tant historique que politique.
par Laurent MUCCHIELLI, sociologue.
publié le 13 avril 2007 à 7h11
(mis à jour le 13 avril 2007 à 7h11)

L'identité nationale n'est pas un tabou que ses promoteurs auraient le courage d'enfreindre. Voici au contraire près de vingt-cinq ans que l'on ne cesse d'en parler dans le débat public français. L'extrême droite s'en est emparée au début des années 80, et c'est son fonds de commerce depuis lors. Mais une partie de la droite y a toujours été sensible, et a toujours tiré sur cette corde dans un but électoraliste. A-t-on oublié les petites phrases sur «le seuil de tolérance dépassé» et sur «le bruit et les odeurs», prononcées en juin 1991 par... Jacques Chirac ? La droite n'en a du reste pas le monopole complet, comme les propos d'un Georges Frêche (président de la région Languedoc-Roussillon, laborieusement exclu par le Parti socialiste) en ont depuis longtemps témoigné. La stratégie de Nicolas Sarkozy n'abuse donc personne.

Que cette stratégie soit électoralement payante est probable. Un récent sondage (13-15 mars) indique ainsi que les sympathisants du Front national approuvent l'idée d'un ministère de l'Identité nationale quasi unanimement et que ceux de l'UMP la soutiennent à plus de 80 %. Suivent les sympathisants de l'UDF qui sont d'accord à environ 60 %, tandis que la plupart des sympathisants des partis de gauche désapprouvent. Ainsi la peur et le repli sur soi menaceraient de l'emporter chez une majorité de nos concitoyens, pourtant pas tous xénophobes. Aussi voudrait-on donner quatre arguments supplémentaires pour les convaincre que cette idée d'un