Le grand jour est arrivé ! Tapis rouge et sirènes, aujourd'hui le hasard n'a pas sa place, on intronise la nouvelle âme de l'Elysée. A peine remise du vertige de la victoire, la voilà tout à coup prise d'un nouveau malaise quand l'insolente réalité vient frapper à sa porte. Bon sang ! Qui l'a vu arriver celle-là ? Où diable s'était-elle donc cachée pendant toute cette campagne électorale ? Et quelle mouche a bien pu piquer la chancelière allemande ? Une telle agitation pour un accord sur les réformes institutionnelles de l'Union européenne à sceller en juin est presque indécente. Ce déferlement d'événements du monde a de quoi dérouter notre cavalier solitaire enfin arrivé à ses fins. On aurait presque envie de s'apitoyer sur son sort.
La mise entre parenthèses du monde ne peut durer qu'un temps. Dans le cas contraire, on parle de pathologie. Et même quand cette suspension est brève, l'atterrissage sur la planète Terre constitue une expérience, somme toute, traumatique. Faute d'empêcher le choc, peut-être est-il possible d'en réduire l'impact. Notre nouvelle âme de l'Elysée doit donc se préparer à une réactivation immédiate de sa mémoire européenne. La première semaine de son entrée en fonction sera déterminante : elle devra se positionner sur les enjeux européens. La prolongation du délire consisterait à croire que ceux-ci ne ressurgiront pas dans la campagne législative. Au nouveau visage qui incarnera la France, mieux vaut dire tout de suite qu'une simple figure de style en