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Libération

Ces nécessaires contre-pouvoirs

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publié le 26 avril 2007 à 7h26

L'intervention des économistes dans une campagne électorale a rarement atteint de telles proportions : chroniques, blogs, tribunes dans la presse, magazine ou quotidienne, émissions radio ou télé... On ne compte plus les contributions qui auront tenté de chiffrer ou de déchiffrer les différents programmes, voire qui se seront explicitement prononcées en faveur d'un candidat, ou manifestées contre un autre.

L'exercice est pourtant délicat : la tentation est grande d'utiliser l'accès aux médias, obtenu en principe grâce à une réputation acquise sur des compétences reconnues dans le monde académique, pour y exprimer un avis personnel, davantage fondé sur des convictions citoyennes qu'appuyé sur une expertise économique. Et cette ornière est d'autant plus dangereuse que le débat aura eu beaucoup de peine à s'arrêter un instant sur les questions essentielles : chaque fois qu'un candidat avançait une vague idée dans un domaine, ses concurrents s'empressaient d'en énoncer une autre dans un tout autre domaine. L'échange d'arguments contradictoires, le tir nourri des critiques, pourtant essentiels tant au débat politique qu'à la production d'un savoir objectif, n'auront jamais bénéficié de la durée nécessaire à leur installation. D'où, peut-être, l'abondance d'interventions d'économistes qui auront pu paraître péremptoires, alors qu'elles ne visaient parfois qu'à ouvrir le débat sur telle ou telle proposition : du point de vue de cet objectif, l'échec est manifeste.

Quelle importance ?