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Libération
TRIBUNE

Les magistrats interdits de société civile ?

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par Dominique Barella
publié le 26 avril 2007 à 7h26

Le ministre de la Justice, Pascal Clément, a ordonné une enquête prédisciplinaire sur la magistrate Josiane Bigot, conseillère à la cour d'appel de Colmar. Outre la coprésidence du comité départemental de soutien à la candidate Ségolène Royal, il lui est reproché des propos critiques contre les propositions institutionnelles du candidat de l'UMP.

Sur la méthode tout d'abord, le ministre va se retrouver dans l'obligation d'entamer les mêmes poursuites contre le juge«antiterroriste»Jean-Louis Bruguière, qui vient de déclarer son appartenance à l'UMP et d'annoncer sa candidature aux prochaines élections législatives dans plusieurs médias.

Il devra également poursuivre les magistrats qui ont participé à la convention de l'UMP sur la justice.

Il devra enfin poursuivre tous les magistrats qui se rendent publiquement à l'église, à la mosquée, au temple ou à la synagogue, sans parler de ceux qui, du Rotary au Lions Club en passant par la franc-maçonnerie, s'impliquent dans des cercles plus ou moins philosophiques. Et que dire des magistrats syndiqués, de ceux qui militent dans des associations de défense des consommateurs ou des sans-logis, de lutte contre les OGM, à la Ligue des droits de l'homme ou à la section française de l'Observatoire international des prisons, ou dans toute autre association combative ?

Alors que l'affaire d'Outreau a prouvé que, plus que jamais, les juges devaient avoir les deux pieds enracinés dans la cité et ne pas se couper du peuple français au nom duquel la