Menu
Libération
TRIBUNE

L'honneur perdu de Nicolas Sarkozy

Article réservé aux abonnés
par Patrick Klugman
publié le 3 mai 2007 à 7h33

«La France n'a pas commis de crime contre l'humanité [...], la France n'a pas cédé à la passion totalitaire [...], la France n'a pas commis de génocide (1).» Emporté par sa propre démagogie, voilà Nicolas Sarkozy qui en est à justifier l'injustifiable.Ces propos ne sont pas seulement graves, ils sont contraires à la vérité et ils remettent en cause ce qui est l'honneur de la République : le fait de pouvoir regarder notre passé sans honte ni orgueil. M. Sarkozy devrait savoir que les républicains sincères n'ont rien à craindre de l'histoire de France.

Constatons d'abord qu'il y a entre la France et les régimes autoritaires comme un feu mal éteint. La Révolution s'est achevée par la Terreur, à laquelle a succédé l'Empire ­ qui n'était pas un modèle de démocratie, quelle que fût sa grandeur. Faut-il également rappeler que la première fois que notre pays a éprouvé le besoin de codifier ses lois, c'était dans le Code noir, qui a ôté la personnalité juridique à ceux qu'il réduisait en esclavage pour organiser leur commerce à travers la traite des Noirs ? Que dire encore du colonialisme auquel nous nous sommes livrés au long des siècles et qui en dépit des alibis «civilisateurs» qu'on lui prêtait autrefois visait principalement à asservir des peuples et des territoires à la métropole ? On pourrait ajouter à cette liste déjà prompte à lasser l'attention d'un lecteur pressé les événements du 17 octobre 1961, qui ont donné lieu à la mort de 200 Algériens à Paris.

La